Conférences
- À chaque époque, à chaque peuple ses croyances. Celles des Bretons au XIXe siècle sont issues d’une longue tradition. En effet, leurs racines ont poussé dans différents terreaux dont ceux de la civilisation des mégalithes, des Celtes et du christianisme.
- Cette conférence nous fait découvrir les plus surprenantes d’entre elles par le biais d’anecdotes judicaires, de contes ou de témoignages contemporains d’un temps où la frontière entre la réalité et la légende n’était que dans les esprits.
- Le culte du minéral, le surnaturel et la mort seront les axes de l’exposé.
En voici l'introduction :
À chaque époque, à chaque peuple ses croyances. Celles des Bretons au XIXe siècle sont issues d’une longue tradition. Leurs racines ont poussé dans différents terreaux empilés les uns sur les autres depuis la nuit des temps, tant et si bien qu’il est souvent impossible de déterminer à quelle période a été plantée la graine.
Les menhirs sont probablement l’exemple le plus frappant dans ce domaine (et je ne fais pas là référence à la manie d’Obélix de les projeter sur son voisin). La Préhistoire nous les a légués. L’imaginaire des Celtes s’est nourri de ces pierres levées, et les druides les ont intégrées dans leur culte. Le catholicisme a su christianiser ceux qu’il n’a pu abattre. Rien ne se perd, mais tout se transforme pour mieux s’adapter à son temps.
Parfois même, le temps ne parvient pas, ou si peu, à faire son œuvre. Ainsi, Paul Sébillot, éminent folkloriste, précise-t-il, dans La Mer et le Rivage, que : « Si l’on possédait une enquête faite quelques siècles avant notre ère, on constaterait sans doute que bien des légendes, bien des croyances encore vivantes parmi le peuple de la mer remontent aux premiers âges de la navigation, et qu’elles se sont transmises jusqu’à nous avec bien peu de changements. On peut même dire, sans trop de paradoxes, que certaines d’entre elles n’ont depuis des siècles, éprouvé que de simples variations dans la forme. »
Les croyances de nos ancêtres est un thème si vaste qu’il m’a fallu opérer des choix. Certains sujets ont été délibérément ignorés, d’autres ne trouveront pas ici la place qu’ils mériteraient.
Un point cependant a particulièrement guidé mes recherches : j’ai sélectionné les exemples les plus révélateurs de l’état d’esprit des hommes et des femmes d’alors, et surtout ceux qui prouvent que certaines de ces croyances étaient chevillées à l’âme, bien plus que saupoudrées dans les consciences.
En voici un premier exemple :
Le 25 décembre 1911, le maire de Saint-Donan (22) découvrait dans un chemin de sa commune une bourrique qui, les quatre fers en l’air, baignait dans une mare de sang. On arrêta les meurtriers dont l’un fit cette déclaration : « Il était onze heures du soir, mon frère, un autre camarade et moi, sortions d’un débit. J’aperçus un âne sur la route. Comme je sais que, la nuit de Noël, les curés ont le pouvoir de se changer en bêtes pour faire peur aux gens, je ne doutais pas un instant que ce fut là un tour de magie du vicaire. Mon frère et mon camarade hésitaient à avancer. Pour leur donner du courage, je prévins l’âne :
– Je n’ai pas peur de toi, je sais bien que tu es le vicaire, et j’avançai lentement.
Les autres s’approchèrent. L’âne fut culbuté dans le fossé et nous lui portâmes force coups de pied. Nous avons même dansé autour de lui. Puis comme il ne se relevait pas, j’ai sorti un couteau de ma poche et j’en ai porté à la tête de l’âne plusieurs coups : je voulais le tuer pour forcer le vicaire à se montrer… ».
Article de Bretagne magazine consacré à la nuit de Noël